Une France au bord de la rupture
Le maintien de Sébastien Lecornu à Matignon, à la tête d’un gouvernement élargi à six anciens membres des Républicains et à huit personnalités issues de la haute fonction publique, ne dissipe en rien le sentiment d’instabilité qui mine la vie politique française. À peine formé, ce gouvernement Lecornu II se trouve déjà sous la double menace d’une censure : La France insoumise et le Rassemblement national ont chacun déposé une motion, et le Parti socialiste envisage d’en présenter une troisième à l’issue de la présentation du budget de l’État et de la Sécurité sociale, mardi.
Le Conseil des ministres inaugural, prévu à 10 heures demain, marquera le véritable baptême du feu d’un exécutif placé sous haute tension. Le projet de loi de finances (PLF) et celui de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) doivent y être présentés avant leur dépôt à l’Assemblée nationale. Faute de temps, le texte sera identique à celui transmis le 2 octobre au Haut Conseil des finances publiques : un budget de continuité, sans réelle marge de manœuvre, qui traduit à la fois la contrainte politique et la pression des marchés.
Officiellement, le gouvernement maintient l’objectif de ramener le déficit public sous les 5 % du PIB en 2026, tout en confirmant la cible européenne de 3 % à l’horizon 2029. Mais cette trajectoire se durcit : la croissance a été révisée à 1 %, et chaque dixième de déficit supplémentaire accroît un endettement déjà supérieur à 114 % du PIB. Dans le contexte actuel, où les taux des obligations d’État françaises (OAT) se maintiennent à 3,470 % et le spread avec le Bund allemand à 0,844 point, le moindre faux pas budgétaire pourrait raviver les tensions sur la dette souveraine.
Le budget Lecornu s’inscrit sous le signe de la sobriété contrainte. Six milliards d’euros d’économies sont attendus sur les dépenses de fonctionnement de l’État et sur les transferts sociaux. Le Premier ministre renonce toutefois à certaines mesures controversées comme la suppression de deux jours fériés, imaginée par François Bayrou, mais maintient la logique de réduction du train de vie public.
Sur le plan fiscal, Sébastien Lecornu a écarté la « taxe Zucman » réclamée par la gauche, préférant une « taxe sur le patrimoine financier » des holdings familiales, susceptible de rapporter jusqu’à 1,5 milliard d’euros. Il maintient par ailleurs la contribution différentielle sur les hauts revenus (CDHR) et prévoit une baisse de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE), pour un coût estimé à 1,1 milliard. À cela s’ajoutent des ajustements ciblés : un allègement de l’impôt sur le revenu pour les couples modestes et un abattement forfaitaire révisé pour les retraités les plus aisés.
Sur le volet social, le Premier ministre ouvre la porte à une suspension partielle de la réforme des retraites, revendication portée par le PS, mais maintient la volonté de réduire la dépense de santé, notamment par le doublement des franchises médicales et la limitation des arrêts de travail. L’« année blanche » prévue pour le gel des salaires des fonctionnaires et des prestations sociales serait reconduite, tandis qu’une revalorisation ciblée des retraites des femmes est envisagée.
Cet ensemble hétérogène illustre la logique défensive d’un pouvoir en sursis. En combinant rigueur budgétaire, concessions fiscales et prudence sociale, le gouvernement espère contenir la défiance des marchés sans provoquer celle de la rue. Mais il ne s’agit plus d’une politique économique : c’est une stratégie de survie.
Car la crise française n’est plus seulement budgétaire, elle est systémique. La majorité présidentielle, élargie artificiellement à des alliés précaires, peine à masquer la désagrégation d’un centre de gravité politique. Les motions de censure qui s’annoncent pourraient ouvrir la voie à une dissolution de l’Assemblée nationale dans les prochaines semaines, acte à la fois risqué mais semblant de plus en plus inévitable pour restaurer une légitimité défaillante.
Entre instabilité politique, fragilité financière et lassitude démocratique, la France avance au bord du vide. « Trop grande pour tomber », elle doit pourtant démontrer qu’elle reste capable de gouverner, de réformer et de convaincre. À défaut, elle risque de ne plus être qu’une démocratie suspendue à la patience des marchés et à la lassitude de ses citoyens.
Tant que la politique se résumera à gérer la crise plutôt qu’à en sortir, la République restera au bord de la rupture.
Matéis Mouflet, Analyste de Marchés, XTB
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